3 janvier 2013

Le coût de l'agrandissement du Canal de Panama pour l'environnement


Avec la détonation d'explosifs au niveau du Cerro Paraiso le 3 septembre 2007 se sont initiés les travaux d'agrandissement du Canal de Panama.

L’évènement a aussi marqué le commencement de la destruction de 470 hectares de bois secondaires, desquels 332 ont déjà succombé sous le passage des engins de chantier divers.  Jusqu'à présent, l'agrandissement de la voie interocéanique a aussi représenté la destruction de 22 hectares de mangrove.

Le projet d'agrandissement du Canal de Panama a bien sûr un "coût écologique du point de vue de la végétation ", selon les études d’impact sur l’environnement. La durée de l'impact sera longue étant donné que dans la zone où la végétation sera détruite les aires vertes ne vont pas étre reboisées avant longtemps.
Les effets de l'ouvrage ne se limitent pas à la dévastation des bois.

L'élargissement de la voie, la construction des bassins de recyclage de l'eau, et du nouveau jeu d'écluses, conduisent aussi à l'érosion des sols et la déviation des rivières Rio Grande et Rio Cocolí.

Ce sont les conséquences pour l’environnement d'un projet qui a été approuvé par un référendum, de façon majoritaire, car 76 % des panaméens se sont prononçés en faveur de ces travaux, alors que 21.94 % les ont refusé.

À cette occasion, le 22 octobre 2006, 905.445 panaméens se sont présentés aux urnes, des 2.132.842 personnes habilitées à voter.
Il faut dire que dans un pays où la répartition des richesses est loin d’être équitable, où le taux de sans emplois est quand même assez important au regard du chiffre de la population, où les “allocations de chomage” n’existent pas, la campagne antérieure audit référendum avait fait miroiter à cette population un chiffre de plus de 20.000 emplois futurs.
On comprend mieux le pourcentage de “Oui”.

Quatre ans après, et le projet étant en plein développement, les défenseurs de l’environnement n’ont que peu de possibilités de surveiller le déroulement de l'ouvrage et ses conséquences. Félix Wing, directeur du département légal du Centre d'Incidence Ambiantal (Ciam), admet qu'il ne suit pas de prés le sujet, car évidemment le site est trés surveillé et quiconque n’y a pas accés.
Mais il faut aussi dire que, malheureusement, il y a actuellement énormément à faire, quant à la protection de la Nature au Panama, avec un Gouvernement qualifié, non à tort, comme le pire en matière de défense écologique.

En effet, entre les travaux du canal, les nombreux projets d’exploitation de mines à ciel ouvert, de construction de barrages hydroelectriques - de quoi
alimenter dans le futur en énergie la moitié de la planète -, à présent le Président de la République parle de possibilités “d’exploitation pétrolière” dans la région du Darien, qui soit dit en passant est considéré comme un “poumon végétal” pour tout le continent, région qui de plus est un Parc National et fait partie des réserves du Patrimoine Mondial de l’Humanité, et qui pourtant a déjà subi le passage de plus d’une entreprise d’exploitation forestière.

Pour en revenir aux travaux du Canal, et au dédommagement prévu pour leurs conséquences. Pour l'abattage des 332 hectares de bois secondaires, l'Autorité du Canal de Panama (ACP) a payé 3 millions de dollars à l'Autorité Nationale de protection de l’environnement (ANAM) comme compensation écologique.

Entre parenthèses, ladite Anam, qui en dehors de sa dénomination “pompeuse” est “à la botte” du Pouvoir en place, et approuve et autorise ce qu’on lui dit, et signe toutes les autorisations d’exploitations diverses, sans aucune réelle étude d’impact sur la Nature.
L'ACP a aussi déboursé la somme de 455.800 $ à l'Autorité des Ressources Aquatiques du Panama (ARAP), en compensation écologique pour les 22 hectares de mangrove affectés du côté Pacifique.
Egalement l’ACP développe un programme de reboisement dans les parcs nationaux, tant dans la région de la capitale que dans le reste du pays.
Le chef de projet de reboisement de l'ACP est le responsable chargé de vérifier que s'accomplisse le plan de mitigation, qui inclut un plan de reboisement. De plus, il est également responsable de garantir que sont réalisés les inventaires des espèces animales vivant dans les aires qui sont touchées par les travaux. Au sujet de ce processus, qui je dois le dire est réalisé de manière assez conciencieuse, les spécialistes ont expliqué que, avant de commencer le déblaiement du bois, le lieu doit être “assaini”, c'est-à-dire qu’un inventaire des animaux est réalisé en vue de leur “resituation”.
Jusqu'à la semaine passée 2.353 animaux ont été récupérés et réinstallés, entre autres des serpents, grenouilles, paresseux, singes, tatous, iguanes, caïmans et porc-épics, et je peux en attester car j’ai participé à certaines de ces “opérations”.
Jusqu'à présent ont été reboisé 450 hectares, tandis que 65 autres seront reboisés dans le courant de l'année.
Cette semaine doit s’ouvrir un appel d’offres pour le reboisement prévu en compensation de la zone de mangrove affectée. Il est précisé qu’en coordination avec l'ARAP, a été choisi pour cela l'embouchure de la rivière Chiriquí Viejo, dans la province de Chiriquí.

Donc, tout n’est pas “noir”, s’il est certain que ces travaux ont des conséquences négatives sur l’environnement, il y a des efforts réalisés quant à la protection des espèces animales et au reboisement.
Ces efforts rencontrent aussi certaines difficultés. En ce qui concerne les aires où les reboisements seront réalisés pour compenser les zones de végétation affectées, c’est l'Anam qui est chargée de décider du lieu de ceux-ci. Et lors de ce processus sont survenues quelques difficultés. Par exemple, cette année a été suspendu un projet de reboisement dans la région de La Yeguada, province de Veraguas, pour des problèmes de possession de terres. Il est important bien entendu que les reboisements soient réalisés dans des zones qui ne présentent pas de conflits territoriaux, pour garantir la réussite du projet.
Maintenant, l'Anam doit désigner un autre lieu pour compléter la quantité de terrain devant être reboisé pour compenser les 332 hectares qui jusqu'à présent ont été dévasté.

Il est d’espérer que les difficultées seront limitées car le compromis est de reboiser le double de ce qui est détruit, et avec des espèces natives.

NOTA: cet article a été écrit en 2011.

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